La tribune du Dr Hayot
Après plusieurs congrès à travers le monde et des années d’expérience en médecine et chirurgie esthétique, le Dr Bernard Hayot nous livre ses impressions sur l’utilisation de l’acide hyaluronique volumateur : Une analyse critique et un regard nouveau sur les injections de ce produit de comblement…
Acide hyaluronique : Un constat alarmant
« Je me suis rendu compte au fil des années de pratique de la médecine esthétique que l’acide hyaluronique dans les cernes permettait de combler les cernes creux mais, contrairement à ce que les médecins esthétiques pensent, le produit ne se résorbe pas naturellement !
Je retrouve des patientes, après 4, 6, 8 ans, qui présentent toujours l’acide hyaluronique que je leur ai injecté des années auparavant. Dès leur retour en consultation, je m’aperçois que le produit est visible à travers la peau et qu’il a gonflé le visage, mais qu’il ne s’est pas résorbé !
C’est à partir de ces observations et de ces manifestations récurrentes que j’ai alors commencé à penser que les vertus biodégradables que les grands laboratoires accordent à l’acide hyaluronique qu’ils commercialisent, n’étaient pas vérifiée. J’ai commencé à comprendre que cette molécule n’était en fait pas complètement biodégradable lorsqu’il est injecté en profondeur dans une zone du visage peu mobile, telle que le cerne creux ! »
Mes adieux à l’Acide hyaluronique dans le cerne
« Lorsque mes patientes se retrouvent dans mon cabinet pour rajeunir leur regard et que je constate que leurs cernes, traités avec des injections d’acide hyaluronique, ont un aspect gonflé, qu’ils forment des poches sous les yeux ou donne un aspect bleuté. Je dois alors l’éliminer !
Depuis plusieurs années je pratique les injections de hyaluronidase dans les cernes qui ont été sur injectés, mal injectés ou que l’acide hyaluronique ne s’est pas résorbé comme prévu. La hyaluronidase est un antidote puissant qui permet de supprimer tout l’acide d’une zone du visage. Il offre à mes patients la possibilité d’un retour en arrière, un peu à la manière d’un « coup de gomme » corrective, qui à défaut de les rajeunir, leur évite les écueils d’une médecine esthétique ratée.
Une fois que j’ai pratiqué les injections de hyaluronidase, il n’est pas rare que le regard soit encore plus creusé qu’avant les injections d’acide hyaluronique. Cet aspect du creux orbitaire est souvent psychologiquement difficile à vivre pour les patients qui se trouvent tout de suite vieillis, ridés et fatigués. Il est donc urgent de palier à ce ressentiment au plus vite : les injections de graisse constituent la meilleure réponse à leur problème ! »
L’acide hyaluronique pour créer du volume : La prudence s’impose !
« S’il est vrai que j’ai constaté que l’acide hyaluronique n’était pas résorbable dans les cernes, je l’ai aussi constaté sur d’autres zones du visage telles que les pommettes…
Lorsque mes patients retrouvent mon cabinet 5 ans après avoir pratiqué leurs injections volumatrices dans les pommettes, je constate que le produit est toujours présent et que l’effet volumateur, dans la plupart des cas, n’a pas, ou très peu, diminué.
Parfois, je tend à croire que la vertu hydrophile de l’acide hyaluronique continue d’agir comme une éponge au fil de toutes ces années et que l’effet volumateur est décuplé au fil du temps. Jusqu’a en avoir la sensation que les pommettes de mes patientes sont encore plus gonflées qu’après les injections.
J’évite alors de réinjecter mes patients pour éviter le surdosage !
En définitif, l’acide hyaluronique volumateur contribue à créer des visages gonflés et n’offrent pas un résultat naturel, contrairement au résultat très discret que l’on obtient avec les injections de graisse. »
Conserver l’acide hyaluronique pour traiter les rides d’expression
Je traite les rides d’expression de mes patients depuis toujours avec les injections de Botox ou d’acide hyaluronique ! Le bon geste, la bonne méthode, le bon produit permettent d’obtenir un résultat très satisfaisant, surtout au niveau des sillons nasogéniens et des rides péri buccales.
L’acide hyaluronique permet de remplir la cassure cutanée pour quelques années, le produit se résorbe de lui même assez rapidement du fait de la mobilité de certaines zones du visage et de la répétitivité des mimiques du patient.
Le sourire, la mastication et le fait de parler, manger, boire ou fumer, provoquent et creusent les rides. Par la même occasion, toutes ces actions éliminent petit à petit l’acide hyaluronique qui a été injecté. Selon moi, il n’est pas dangereux d’injecter ce produit comme un antiride puissant sur ces zones du visage et, dans ce cadre, les mauvaises surprises sont rares !
Savoir évoluer avec son temps et réaprendre chaque jour son métier du chirurgien esthétique
« Pourquoi je me suis détourné de l’acide hyaluronique dans le cerne pour lui préférer les injections de graisse ?
Un bon chirurgien doit sans arrêt se poser les bonnes questions pour faire évoluer la profession et trouver les bonnes techniques d’opérations, les bons produits, les bons gestes et les bons dosages. Comprendre le vieillissement du visage ne suffit pas à le rajeunir de manière naturelle, il faut également remettre en question, perpétuellement, les méthodes opératoires, les produits commercialisés par les laboratoires, les formules moléculaires et faire évoluer sa technique en prenant le recul nécessaire.
Chaque jour, en observant davantage mes patients et en échangeant avec eux leurs impressions et leurs ressentis, je peaufine ma technique et repousse davantage mes limites pour trouver des techniques qui leur offriront le résultat le plus naturel possible.
Pour cette raison, je me suis tourné vers 3 nouvelles techniques d’injections de graisse qui m’ont écartées petit à petit de l’acide hyaluronique :